L’indispensable corps médical

Qu’il soit régional, départemental, national ou international, le corps médical tient un rôle primordial dans tous les événements. Sous-évalué, il contribue à aider les sportifs à atteindre de meilleures performances. Pour mieux comprendre l’importance d’un dispositif médical dans un événement international tel que le HOP, nous sommes allés à la rencontre de Vincent Ferring et Karine Kuznicki, respectivement kinésithérapeute fédéral national et secrétaire médicale qui coordonne toute la mise en place du corps médical sur place pour la FFHandisport.


Pour cette édition 2019, cinq kinésithérapeutes, quatre médecins et une infirmière seront présents. « Pourquoi « autant » de personnel médical ? C’est toujours la question que l’on nous pose. Pour les Jeux Européens de la Jeunesse, il y avait trois kinés pour 60 enfants. Là encore, ça étonnait qu’il y ait autant de paramédicaux. Or, dans la médecine du sport on a coutume de dire qu’il faut un kiné pour dix personnes ! On ne se rend pas compte, mais il faut beaucoup de personnels de santé pour s’occuper de tous les athlètes » explique Vincent Ferring. Qu’ils soient sur le terrain d’entraînement ou encore à l’échauffement, le corps médical doit être à différents endroits pour pouvoir prendre le temps de venir en aide à tous les sportifs. « L’année dernière, les athlètes avaient besoin de soins directement où ils étaient logés, à la Résidence Internationale de Paris (RIP), dans le XXe arrondissement de Paris.  Nous nous sommes donc adaptés pour répondre à leur demande, tout en ayant du personnel qui reste au centre médical », ajoute Vincent.

UN PERSONNEL QUALIFIÉ

Médecins et kinésithérapeutes de la FFH, des équipes de France, des Jeux Paralympiques … le corps médical est choisi pour proposer une réelle expertise aux sportifs du HOP.

Les kinésithérapeutes sont choisis en fonction de leur disponibilité et de leur envie à se frotter à la kinésithérapie d’athlétisme, qui n’est parfois par leur domaine. « L’année dernière, un kinésithérapeute pour le rugby fauteuil est venu », commente Vincent Ferring. C’est également l’occasion de faire appel à des professionnels qui ne connaissent pas le monde du handicap, mais qui s’y intéressent. Des étudiants en médecine ou encore des kinés en formations ou d’autres disciplines sont les bienvenues pour soutenir le corps médical. « Le fait de proposer un corps médical de qualité, c’est prendre au sérieux l’évènement et les athlètes, précise Vincent Ferring. Nous souhaitons avoir un niveau de référence meilleur que la moyenne des événements de grand prix. Nous sommes dans le top trois de l’importance du dispositif. Je pense que c’est nécessaire, quand on organise un grand événement comme celui-là, de penser au médical. »

Pour des problèmes plus ou moins importants, le corps médical s’occupe de tout allant des échographies, soins particuliers, suivi au rôle de confident, de conseils … Durant ces deux jours, les sportifs ont un personnel expérimenté. Le tout, dans un centre spécialement créé pour l’événement, calme et reposant. « Les kinés ont souvent à faire à des petits points de contractures. Cela peut être une blessure que l’on connaît déjà, qu’ils viennent nous montrer à nouveau pour que l’on fasse un strap ou un soin particulier de préparation. On va alors les surveiller. Pour les débutant, ce sont généralement des petites lésions musculaires au niveau des disques jambiers, des quadriceps et des mollets. Il y a également l’effet de la fatigue : courbature, micro-traumatisme, etc. qui nécessitent des soins particuliers. Nous sommes là, dès qu’ils en ont besoins, peu importe la situation » explique le kinésithérapeute fédéral.

Un dispositif médical et paramédical qui ne se retrouve pas sur toutes les compétitions. « Convaincu de l’intérêt du corps médical, c’est une vraie demande de l’organisateur, Julien Héricourt, directeur sportif de l’athlétisme pour la FFH et créateur de l’événement, de mettre en place un tel dispositif. Dès le début de l’aventure, il a fait appel à la commission médicale nationale d’handisport, pour le mettre en place. Nous mettons tout en œuvre pour offrir ce qui peut se faire de mieux avec les moyens que nous avons. Je pense que c’est une réussite. Cette année encore la société ESAOTE Medical nous fait le plaisir de nous prêter un échographe portable pour ces 2 jours » précise Karine Kuznicki.

UN CORPS MÉDICAL INDISPENSABLE

Le HOP ou toute autre compétition sans corps médical est-ce possible ? La réponse est définitivement non pour Vincent Ferring. « On pense à tort au médical seulement lorsque nous sommes blessés. C’est presque oublier que l’athlétisme est un sport très traumatisant pour le corps !  On ne peut pas s’imaginer pratiquer à haute intensité, récupérer correctement et obtenir des médailles, sans réfléchir au dispositif médical. Si cet aspect est négligé, aussi bien au niveau de l’athlète, que de l’entraîneur ou du préparateur physique, on est à côté de la plaque. On ne gagnera jamais » souligne Vincent. Présent pour soigner les blessures, le médical participe également à la performance des athlètes, assure leur sécurité et leur garantit un encadrement de qualité grâce à du personnel qualifié. « Penser que le médical est facultatif est non professionnel. C’est un sujet sur lequel on travaille pour faire évoluer les mentalités. C’est vraiment bien que le HOP montre l’exemple à ce niveau-là ! »

Principalement présent lors des deux journées de compétition, les 29 et 30 août, le personnel médical et paramédical assurera le soin pour l’ensemble des athlètes de toutes les nationalités, et ce gratuitement. Une prestation qui reste encore, quatre ans après la première édition, méconnue des athlètes. L’information est pourtant jugée capitale pour Vincent, mais généralement omise par les entraîneurs qui inscrivent les sportifs. « Les athlètes sont au courant du corps médical mis en place grâce au dossier de présentation de l’événement qui est transmis aux délégations présentes, confie Karine Kuznicki. Mais faut-il encore le lire dans son intégralité. Il est très facile de passer à côté. » Cette année, un gros travail de communication a été mis en place pour donner plus de visibilité au centre, mais aussi plus visible pour les sportifs. Une signalétique plus importante « medical center » (« centre médical » en anglais) sera placée juste en face du stade d’échauffement

Outre le fait de ne pas avoir l’information d’un tel dispositif, les athlètes peuvent ne pas se sentir concernés parce que, déjà accompagné d’un staff médical et paramédical. D’autres encore, ne préférons pas y aller préférant aller voir leurs kinés ou médecins habituels après les compétitions. Et pour les réguliers, en règle générale, ils viennent plusieurs fois lors de ces deux jours de compétitions.

Le corps médical au cœur de l’événement, participe également à représenter certaines valeurs de préventions, certaines blessures. Quelques sportifs optent pour des comportements qui ne sont pas en adéquation avec leur activité physique intensive. L’équipe médicale est là pour surveiller et pour conseiller les athlètes dans leur pratique. « Ils ont un service clé en main qui va au-delà de la simple consultation pour des blessures et qui participe à leur performance », conclu Vincent Ferring.

 

Rédaction : A. Guyon